J-ai joué sur la contrebasse de Charlie Mingus - Jean-Pierre Joly

"J'AI JOUE SUR LA CONTREBASSE DE CHARLES MINGUS…."






_       - Vibrements divins des mers virides -

Au vert rimbaldien,
         Shapiro passe,
         Sans diplôme ni postiche.



                   Elle même, là où bien au delà du psychanalyste, le peintre ne s'autorise que de lui-même.
Perdure la Peste freudienne, en ces temps de tyrannie de l'image, pendant que certains à la colle de l'école y perdent leur latin et ânonnent des cantiques ou égrènent des chapelets de signifiants, la nébuleuse des signes continue sa course à l'infini.
                   Elle même, au féminin de peintre, introuvable ; les dictionnaires restent muets ou balbutient quelques tentatives: peintresse, peinturière, peintreuse voire peinturlureuse.
                   Et bien annonçons la couleur qui sera prétexte :

-         SHAPIRO BARBOUILLE COMME UNE PEINTURLUREUSE



DEMONSTRATION N°1 : LA BARBOUILLE N'EST PAS DE LA CARAMBOUILLE
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                   Au Diable les mauvais esprits comme ces jésuites de TREVOUX qui dans leur dictionnaire du XVII ème siècle trouvaient le mot bas et bouffon. Qu'en savaient-ils du païen BORMO, Dieu gaulois des eaux thermales, de la primitive bourbe, bouillonnante source d'eau chaude, de BERBAIM l'irlandaise, de BAWA la galloise qui allaient conduire la lignée des BOURBONS,  Rois de France, que des gueux manipulés par d'augustes bourgeois ramenèrent à leur fange.
                   La boue n'a pas bonne presse. De l'ordre de la nature, elle est exclue par la culture propre et inodore et se voit cantonnée à un rôle thérapeutique.

Shapiro n'a que faire d'une thérapie transgressant les tabous.             
Ce n'est plus une enfant qui joue avec ses excréments. C'est une ASARO de Nouvelle Guinée.

                   C'est ainsi qu'ils figurent l'homme blanc issu du bi'ôm, l'argile blanche des marais d'où naît la vie. La boue est aussi chtonienne, lymphe de la terre, magma du pléistocène, soupe primitive aux ferments sulfureux - jaune sulfur - .

L'humain naît de la boue, boue des ses désirs, bouille pour ses besoins.
La bouille est abandonnée depuis les filets dérivants, délirants. Ancienne technique de pêche, elle consistait à troubler l'eau avec un bâton pour attirer les poissons dans une nasse. Capture par détournement, cela porte un nom : séduction. Ainsi se dessine une Shapiro séductrice, détournant le passant de son chemin - récidiviste elle sera -.
Mais le BAR dans cette histoire, Shapiro n'est est pas un pilier !  Le préfixe bar a un caractère péjoratif. Qu'il vienne de - barus - lourd, pesant, ou de - varus- cagneux, il est pénalisant, évoque ce qui est pénible, difficile à supporter, a même donné la mesure de la pression atmosphérique :
"quand le ciel bas et lourd pèse comme un encensoir "…
                   Alors, notre pêcheuse, sinon pécheresse, est-elle si lourde, ou sur son étal allons-nous trouver quelques surprises ?
                   Le BAR, loup de notre Méditerranée, poisson vorace, à la chair fine, délicieux flambé au pastis, s'origine étymologiquement dans le moyen néerlandais : boerse, apparenté à boerstel qui signifie : poil, soie, et à l'allemand burste : brosse. Brosse, poil, soie, facile d'y reconnaître aussi des pinceaux.
                   Fin de la première démonstration :

         SHAPIRO SEDUIT AVEC DES PINCEAUX………………………….
        



DEMONSTRATION N°2 : la turlure n'est pas qu'une fantaisie érotique
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                   Le jeu peut durer ainsi à l'infini… Il est question de sexe, mais aussi de musique et Shapiro connaît la musique.
                   Bien que l'on ne trouve pas sa trace dans l'autobiographie de Charles Mingus, " beneath the under dog ", elle a réellement fait résonner sa contrebasse et fait chanter son propre violon dans la 5ème Avenue gagnant des pièces de monnaie pour payer son billet de retour. De New York aux bals populaires de l'arrière pays niçois, la petite violoneuse a cheminé, rêve aujourd'hui des arcanes iraniennes du santour. Mais attention, il ne s'agirait pas ici de tomber dans la mièvrerie et  faire de Shapiro une chanteuse des couleurs qui jouerait de son pinceau comme d'un archet. Laissons cela aux critiques officiels.
                   Si Shapiro a joué quelque part, c'est dans un groupe de musiciens folkeux qui portait le nom de Coucou.
                   Coucou - Nous passons pour une fois sur les latin-cuculus, grec-kokux, sanscrit kokila et sur les mœurs adultères de cet oiseau. Pensons plutôt aux cris d'enfants jouant à cache-cache : coucou ! Surprise, le jeu du coucou vaut bien celui du Fort-Da. Parti-voilà, coucou-c'est moi.
                   Coucou c'est Shapiro, la joueuse d'onomatopée, turlure, coucou en sont, mots crées par imitation de son - Poiein, poiésis.
                   La démonstration se termine :
        

SHAPIRO SEDUIT AVEC DES PINCEAUX DE POESIE.


JEAN PIERRE JOLY         
Octobre 1994